Le G. Bistaki fait dans l’art de créer des fictions, des mondes fantastiques en dehors de tout espace-temps rationnel, et là est sa force. Avec cette nouvelle création, il poursuit son investigation dans le monde des corps, des objets et des espaces de représentation.
Ici, la base du travail a orienté la recherche autour du drap blanc. Objet aux multiples utilités et qualités, il recouvre aussi des symboliques fortes : il est le tissu qui abrite nos rêves, notre intimité, protège les objets délaissés et parfois notre mémoire… Le drap, utilisé en nombre, est l’élément discursif fondamental du spectacle. L’espace de jeu, délimité sous et autour d’un étendoir surdimensionné, se transforme à vue et permet de faire évoluer la scénographie selon les manipulations. Les artistes usent des draps comme d’autant de matière à transformer et à détourner, la mettant au service d’une écriture drôle, absurde, poétique et étonnamment universelle dans ce qu’elle donne à voir de nos rituels communs.
Usant d’un objet aussi commun que le drap blanc, enveloppant les corps et l’espace scénique dans un entrecroisement de scènes poétiques ou sobrement ordinaires, Tancarville joue une fresque intemporelle où l’absurde entraîne l’humour.
Tour à tour porté, frappé, lavé, délaissé, étendu, plié, le drap se transforme au gré des manipulations en enveloppe charnelle, costume, coiffe, accessoire, décor d’opéra ; il se fait rythme, souffle, instrument de travail ou de jonglage. Objet personnel et si communément universel, il se pose ici comme le témoin de notre mémoire collective et de nos rituels intimes, dans un voyage onirique à travers les civilisations et le temps.